
Pas de répit pour les parents d’élèves de l’école Bendali de Zéralda. Au moment où tout le monde se prépare à reprendre le chemin de l’école, ils tentent par tous les moyens de trouver une solution à leur calvaire.
La décision de sceller l’école privée Bendali est tombée comme une peine capitale, semant l’incompréhension et le désarroi chez les élèves et leurs parents. Dans une lettre, adressée mardi dernier à M. Boubekeur Benbouzid, ministre de l’Éducation nationale, ils demandent de rouvrir l’école au nom de tous les enfants inscrits.
Qu’est-ce qui peut bien motiver une décision aussi radicale pour un établissement scolaire privé qui a enregistré un taux de réussite de 100% à l’examen national de 6e ? Refus de se conformer au programme officiel, selon le le ministère. Faux, rétorque la direction de l’école, rapport de l’inspection à l’appui. “Nous contestons formellement les motifs avancés par le ministère de l’Éducation, notamment le non-respect des programmes”, explique d’emblée Mme Bendali, directrice pédagogique de l’école. Elle affirme que l’école n’a jamais été destinataire d’aucune mise en demeure et qu’elle bénéficiait d’un délai de transition afin de se mettre en conformité avec les programmes et les directives du ministère de l’Éducation nationale. “Nous ne comprenons pas la décision du ministère dans la mesure où ce dernier avait accordé à l’école, au mois de juillet 2006, un délai de transition de deux années, c’est-à-dire jusqu’à l’année scolaire 2008/09”, poursuit-elle, tout en précisant que les responsables de la Direction de l’éducation d’Alger-Ouest n’ont jamais émis la moindre remarque quant à l’application graduelle de la mise en conformité. Dans son rapport, dont notre rédaction possède une copie, datant du 19 mai 2007, l’inspecteur de l’éducation, A. Si Bachir, a salué les efforts de la direction dans la mise en place des directives du ministère de tutelle, notamment le volet concernant les emplois du temps et l’élaboration des programmes et l’enseignement en langue arabe. “Les inspecteurs nous ont encouragé à poursuivre notre réforme des programmes. Cette satisfaction, ils l’ont toujours exprimée dans les rapports établis suite aux différentes visites effectuées au niveau de l’école. Et puis, il faut noter que l’établissement Bendali a enregistré 100% de réussite à l’examen national de la 6e, une épreuve à laquelle participent nos élèves pour la première fois”, explique Mme Bendali. Elle compte, avec l’ensemble des parents concernés par les écoles privées, se battre, en dépit de la malédiction que constitue la décision du ministère. “Je suis profondément algérienne et dans mon école, les enfants parlent la langue arabe qui est aussi leur langue maternelle. Il fallait venir les voir lorsqu’ils jouaient pendant la récréation, et je peux vous dire qu’ils ne parlaient qu’en arabe. Nous ne comprenons pas la décision du ministère, nous n’allons pas baisser les bras”, explique-t-elle. Elle ne manque pas de rappeler son engagement et son dévouement pour l’Algérie. Militante de la cause algérienne pendant la guerre de Libération nationale, sa famille fut interdite de séjour en France durant cinq ans. “J’étais profondément blessée par les étiquettes qu’ils nous donnent. Nous ne sommes pas des harkis. J’étais choquée de voir les inspecteurs demander à nos élèves s’ils savaient chanter la Marseillaise, eux qui ne connaissent même pas ce que veux dire ce titre”, rétorque-t-elle.
La colère des parents était à son paroxysme.
“On ne comprend pas pourquoi le ministère de l’Éducation s’acharne sur nous. La décision de fermer l’école est une sanction qui touche d’abord les élèves avant les responsables des écoles. Pourquoi ne pas nous laisser choisir l’enseignement qu’on veut pour nos enfants ? Mes deux filles suivent leur scolarité dans cette école. Qu’est-ce qu’elles vont devenir ?” s’inquiète une maman. Le désarroi des parents et de la direction ne les empêchent pas de proposer des solutions. “Je donnerai des cours particuliers à mes enfants plutôt que de les inscrire dans une autre école privée ou publique”, précise un parent d’élève. Un autre propose de faire une grève de la faim… “J’ai des enfants inscrits à l’école Bendali, je suis très satisfait de leurs résultats et je ne comprends pas pourquoi on veut arrêter une machine qui fonctionne bien. Je ferai tout pour que mes enfants aient la meilleure scolarité. Je ne suis pas prête à changer d’avis”, confie une autre mère.
Nabila Afroun
Dix écoles privées objet d’“une mise en conformité” à Tizi Ouzou
“Préserver l’ouverture sur l’universalité”
Par : Abdenour BOUHIREB
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La wilaya de Tizi Ouzou compte une dizaine d’établissements d’enseignement privé. Huit sont implantés au chef-lieu de wilaya et les deux autres à Draâ El-Mizan et Azazga. Par le passé, ces écoles ont été sommées par les pouvoirs publics de fermer puis autorisées à rouvrir, en mars 2006, suscitant émoi et inquiétude au sein de leurs responsables et des parents d’élèves. Pour la tutelle, il fallait surtout que “ces écoles privées se conforment à la loi en se dotant d’un registre du commerce et en respectant le cahier des charges élaboré par la tutelle et qui fixe les mesures d’ouverture, de gestion et d’organisation de ces établissements”. Qu’en est-il une année après l’entrée en vigueur de cette loi ? Un responsable de l’établissement Assalas, à la périphérie sud-ouest de la ville de Tizi Ouzou, souligne que son école a été la première à être agréée à Tizi Ouzou. “Au début des années 1990, nous avions créé une école associative. Celle-ci ayant atteint ses limites, nous avons opté, vers la fin des années 1990, pour la création d’un établissement d’enseignement privé”, ajoute notre interlocuteur. Mais bien que non renouvelable, l’agrément peut être retiré en cas de non-respect des clauses du cahier des charges articulé sur deux volets essentiellement. Le premier a trait aux dispositions infrastructurelles, capacité et condition d’accueil, alors que l’autre concerne le programme. “Avant la promulgation, il y a plus de deux années, du décret portant conformité des établissements, le programme suivi était celui du temps des écoles associatives. L’enseignement des matières dites essentielles, les mathématiques, les sciences physiques et naturelles se faisait en langue française. Tout le reste était identique au programme du secteur public”, précise ce responsable.
Pour les équipes pédagogiques, il était impératif de passer le cap de la conformité. Ainsi, “l’ensemble des établissements avaient demandé et obtenu une période de transition pour porter ce changement dans leur programme. La tutelle nous avait fixé une durée de deux années pour ce faire”, révèle notre vis-à-vis. Avant d’ajouter : “Nous sommes à l’entame de la deuxième et dernière année pour parfaire l’enseignement des matières essentielles en langue arabe.” Des changements qui affectent, semble-t-il, les élèves des paliers supérieurs, car ayant reçu leur cours en langue française jusque-là, selon les observations effectuées par l’encadrement de cette école privée. Cela contrairement aux élèves plus jeunes dont la scolarité n’a nullement été altérée. Pour autant, les résultats scolaires restent très probants, affirme-t-on par ailleurs. Signalons que ce nouveau tour de vis réglementaire a été accompagné par des facilités s’agissant des matières optionnelles. Un volume horaire de 3 à 5 heures consacré à l’enseignement privé des cours de langues étrangères et de terminologie, par exemple. Une brèche exploitée par les responsables pour mieux outiller leurs protégés par une meilleure maîtrise des langues et une culture générale la plus large possible, indique-t-on également. À Tizi Ouzou, l’ensemble des écoles privées ont appris à tisser des relations solidaires entres elles. “Nous mutualisons nos moyens pour une meilleure atteinte de nos objectifs”, annonce le responsable de l’établissement Assalas. S’agissant de cette école, “une classe compte une vingtaine d’élèves au maximum”, met-il en exergue. Le suivi de ces derniers est individualisé, notamment, pour ceux en difficultés pédagogiques. Des séances gratuites de rattrapage leur sont consacrées par un enseignant référent. Depuis l’ouverture des écoles privées, elles connaissent, à Tizi Ouzou, un engouement certain. Bien que les cours y soient relativement onéreux, des listes d’attente sont actuellement ouvertes au sein de ces établissements au profit des parents d’élèves désireux d’y inscrire leur progéniture. Hakim, la quarantaine, universitaire, est l’un de ces parents qui ont opté pour l’école privée depuis plusieurs années. Il nous dit, avec force argument, que son choix a été dicté par le fait que “l’école privée dispense un enseignement de qualité contrairement au secteur public”. “Je voudrais offrir à mes enfants une éducation saine pour qu’ils soient bien outillés à l’avenir et affronter la vie sereinement”, Pour Hakim comme pour des milliers de parents d’élèves, l’essentiel est que cette école privée reste ouverte à l’universalité et à l’abri des dogmes inopérants.
Abdenour BOUHIREB
http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=83061
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