LA VALETAILLE KABYLE
LA VALETAILLE KABYLE À l’occasion de la venue de Bouteflika, toute la valetaille kabyle d’hier, derechef et la nouvelle s’est donnée rendez-vous à Tizi Wezzu le vendredi 27 mars 2009 pour faire les entremetteuses entre la Kabylie martyrisée et son bourreau. Commençons par la nouvelle recrue Ali Féraoun, le fils du « fils du pauvre », devenu riche qui a offert un burnous au nain. Visiblement Ali Féraoun ne connaît pas la symbolique de cet habit qui est une marque de respect, de dignité et de mérite, vertus qui sont à Bouteflika ce que peuvent être la fidélité et la loyauté à Judas. Mais que voulez-vous, en matière de valeurs et du sens de l’honneur tikkuk est rarement le fils de son père. On aimerait demander à ce nouveau riche quel geste de solidarité il a fait à la famille Guermah de son propre village Tizi Hibel lorsque son enfant Massinissa a été assassiné par un gendarme dont le chef suprême est Bouteflika dans la brigade même de la gendarmerie d’At Dwala puis sali par Zerhouni qui l’a traité de délinquant ? Oui, qu’a-t-il fait ? Pourquoi Ali Féraoun s’est laissé recruter par les ripailleurs qui organisent le pillage de la Kabylie et de toute l’Algérie ? Quel triste spectacle que celui de voir le rejeton de Mouloud Féraoun courir comme un majordome zélé derrière un Bouteflika agacé pour le couvrir d’un burnous ! Le chef d’orchestre de cette cour, Amara Benyounès est ce qu’on appelle en kabyle maççi n wassa-t ( c’est un habitué de la félonie ) et il a de quoi tenir. Infiltré au RCD, il s’est imposé ministre à 2 postes différents, abusé de l’auge et de l’abreuvoir et après s’être repu, il saborde tout un pan de son propre parti. Actuellement, son journal financé par le pouvoir pour services rendus s’échine chaque jour dans une entreprise de normalisation de la Kabylie qu’il veut dédier toute à ses maîtres Bouteflika et Ouyahia. Le 3ème larron, Ould Ali Lhadi que la vox populi appelle Aussaresses porte bien son nom. Non pour des faits de guerre même lâches, mais pour une forfaiture vraiment inédite. Après avoir trahi et dilapidé les biens de l’Association Muhend Umhend dont il était le président, après avoir trahi et fait le vide autour de la frange du MCB (Coordination nationale) dont il s’était autoproclamé président et enfin trahi le RCD qui l’avait tant adoubé alors que tout le monde connaissait son indigence aussi bien culturelle que politique, il est bombardé par la grâce de Khalida Toumi Directeur de la Maison de la Culture Mouloud Mammeri. Comme si ce poste ne suffisait pas aux naufrageurs de la culture en Kabylie, il occupe aussi le poste de Directeur de la Culture de toute la wilaya. Depuis son installation, il a rendu la Maison de la culture Mouloud Mammeri comme l’antichambre des zaouïas de toute l’Algérie et annihilé toute initiative locale de promotion de la culture en favorisant le folklorisme et la danse du ventre. Du côté de l’Université, il y a aussi 2 fossoyeurs de la langue. D’abord un énergumène du nom de A. Dourari, illustre inconnu missionné par le pouvoir pour imposer la graphie arabe à tamaziγt. Ce mercenaire d’un nouveau genre propose tout simplement à la Kabylie, à son histoire passée et récente et à ses martyrs d’hier et d’aujourd’hui de faire table rase de toute le capital politique, culturel et scientifique accumulé dans le domaine depuis 150 ans par des élites dont certains éléments ont consenti le sacrifice suprême pour la défense de la cause identitaire. M. Dourari doit savoir que personne en Kabylie ne lui pardonnera sa proposition d’archaïsation et d’abâtardissement de sa langue, s’il persiste dans sa diabolique entreprise. Quant à M. Mohand Akli Haddadou autrefois enseignant respecté il a déclare tout récemment dans une interview commandée par le journal de Benyounès que « L’Etat algérien, naguère décrié comme adversaire de la langue berbère s’est révélé comme son meilleur défenseur et son promoteur réel, car il est le seul, aujourd’hui au Maghreb, à donner à cette langue ancestrale, les instruments réels de son développement. L’Algérie peut s’enorgueillir d’être, aujourd’hui, à l’avant-garde de la reconnaissance et de la réhabilitation de tamazight ». Dans un élan irrésistible d’apologie, il ajoute : « et Bouteflika, l’artisan de cette avancée fantastique, celui qui a su ramener la paix en Algérie, après plus d’une décennie de terrorisme, est aussi celui qui a réconcilié les Algériens avec eux-mêmes ». M. Haddadou omet soigneusement de rappeler que c’est ce même Bouteflika qu’il encense à l’indécence qui est le bourreau de la Kabylie comme personne ne l’a fait avant lui et celui qui a déclaré que jamais tamaziγt ne sera officielle. Mais personne n’est dupe. L’un et l’autre ont des visées strictement personnelles à travers des postes dans cette académie de la langue amazighe qu’ils comptent squatter pour la vider de toute substance, tout comme le HCA devenu une niche de recyclage d’arabisants déclassés. Car pendant que MM. Dourari et Haddadou rêvent de strapontins, l’Etat algérien arabo-islamique agit, lui. Ils ne peuvent pas ignorer qu’à partir d’avril 2009, le Code de procédure civil interdira à tout justiciable de parler autrement qu’en arabe. Ont-ils conscience que ce machin d’Académie de la langue amazighe sur qui ils lorgnent comme des morts-de-faim ne sera qu’un musée de cette langue ? Oui et ils n’en ont cure. Ils auront sûrement un tabouret chacun. Quant à nous, les kabyles ordinaires, nous nous apprêtons allègrement à transgresser au quotidien dans les tribunaux cette loi qui compte nous arracher la voix de la gorge. Je viens de relire l’Histoire de l’Académie berbère de Bessaoud . Il raconte que durant son combat, les adversaires les plus acharnés qui s’étaient opposés à son entreprise étaient des Kabyles ; « de petites gens » comme il les qualifie. Plus de quarante après, l’histoire semble bégayer. On assiste aujourd’hui à une déshonorante farce de quelques Kabyles-de-service réfugiés derrière les mitraillettes et les matraques et qui prétendent régenter à leur guise la Kabylie. Bessaoud, après un combat sans concession de près de 45 ans est rentré d’exil accueilli à l’aéroport par des milliers de citoyens. À sa mort, sa dépouille a été exposée à la Maison de la Culture Mouloud Mammeri toute une nuit avant son enterrement qui a rassemblé des milliers de militants et citoyens venus de tous les coins de la Kabylie. Son nom est déjà gravé dans l’histoire.Quant aux étudiants kabyles de Paris militants-contre-l’Académie berbère, leurs noms disparaîtront comme neige au soleil.Il en sera de même de cette nouvelle valetaille à la recherche d’une vassalité mais qui ne récoltera que mépris d’un côté et opprobre de l’autre. Amzal AHAKAN