
Pousse avec eux
♣ LE CLAN DES TOUILLEURS DE CAFÉ AVEC LE POUCE ET L’INDEXE ! |
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Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr |
Interrogé sur le soutien qu’il apporte à son fils lycéen en grève, un papa a répondu : «Je suis de tout cœur avec mon enfant. Car moi aussi, quand j’avais son âge, j’ai eu à souffrir des décisions de…
…Benbouzid !
Depuis que j’ai lu l’interview du ministre de l’Education dans El Khabar, je ne suis plus le même homme. Dans cette interview fort intéressante, Benbouzid affirme, entre autres, que les élèves en grève sont manipulés par un clan. Ça m’a foutu un choc ! Une telle révélation a chamboulé le cours de ma vie. Le matin, par exemple ! Il n’est plus question pour moi de touiller mon café de la manière dont je l’ai toujours fait jusque-là. Finie la petite cuillère coincée entre le pouce et l’indexe de la main droite et opérant pendant dix secondes un mouvement de rotation dans le sens des aiguilles d’une montre. Basta ! Je ne veux pas être traité de mec manipulé par le clan des touilleurs de café avec une petite cuillère tenue par le pouce et l’indexe de la main droite et tournée dans le sens des aiguilles d’une montre. Désormais, je veux être un homme libre. Et en homme libre, je touillerai mon café avec une cuillère tenue par le majeur et l’auriculaire de la main gauche dans un mouvement contraire à celui des aiguilles d’une montre. Finie aussi l’habitude de lasser mes chaussures que je viens d’enfiler en commençant par les lacets de la chaussure gauche ! Je ne veux pas être l’objet d’une manipulation de la part du clan des laceurs de chaussures qui lacent d’abord les lacets de leur chaussure gauche. Désormais, je serai un homme libre ! Et en homme libre, je lasserai les lacets de ma chaussure droite en premier ! Finie aussi cette manie suspecte de fermer la porte de mon appartement en commençant par la serrure du milieu, puis celle du haut. Je ne veux pas être victime d’une manipulation de la part du clan des gens qui ferment leurs portes d’appartement en commençant par la serrure du milieu avant de verrouiller celle du haut. Désormais, je veux être un homme libre ! Et en homme libre, je fermerai la porte de mon appartement en commençant par la serrure du haut, ensuite celle du bas, et à la fin, seulement à la fin, je verrouillerai celle du bas, na ! Soyons vigilants ! Ne nous faisons manipuler par aucun clan ! Car les clans sont partout. Ils nous guettent en permanence. Et s’il est un clan que vous devez craindre plus que tous les autres, c’est celui des fumeurs de thé. S’ils tentent de vous manipuler en vous demandant de fumer du thé pour rester éveillés à ce cauchemar qui continue, ne les écoutez surtout pas. Ecoutez plutôt Benbouzid et le pouvoir qui vous conseillent d’avaler un cachet de Tranxene avec de la tisane de verveine et de dormir sur vos deux oreilles. C’est tellement mieux. Pour eux !
H. L |
NE LEVEZ PAS LA MAIN SUR NOS ENFANTS ! |
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Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr |
Selon un rapport de la Banque mondiale, «bonnes performances macroéconomiques pour l’Algérie en 2007. Pour l’économie, je ne sais pas, mais pour les macros…
…pour sûr que l’année 2007 a été bonne !
Le titre de cette chronique n’est pas de moi. Il m’a été inspiré par une déclaration de la fédération des parents d’élèves : «Ne levez pas la main sur nos enfants !» C’est tout simplement humain. Une maman et un papa ne sauraient souffrir l’idée que leur enfant soit frappé, bastonné ou même bousculé. Qui oserait d’ailleurs s’en prendre à des enfants lycéens ? Le régime. Le pouvoir. Le gouvernement. Et celui qui donne ses ordres au gouvernement. En gros, des gens dont les enfants ne risquent pas grand-chose en cas de charge policière contre une école. Pour une raison toute simple : leurs enfants ne sont pas là. Pour la plupart, ils étudient ailleurs. Dans d’autres pays. Et dès les cycles secondaires, s’il vous plaît. On comprend mieux dès lors que l’ordre donné à la troupe de briser toute manifestation lycéenne puisse être lancé avec autant de facilité et sans l’ombre d’un remords. Creusant encore un peu plus le fossé, la faille tellurique immense entre deux peuples étrangers l’un à l’autre, mais cohabitant encore sur la même portion de terre. D’un côté, le petit peuple des résidences surveillées, du littoral privatisé, des parcours sécurisés et balisés. De l’autre, le grand, l’immense reste du peuple. Le petit peuple fait sonner la charge contre les enfants du grand peuple. Sans émotion. Juste par fax, par téléphone ou par injonction aboyée aux oreilles dociles des exécutants : «Chargeeeeeeeeeeeeeeez !» Pourquoi s’émouvraient- ils ? Leurs enfants vont boire un Perrier and the Rocks à la sortie du bahut tout en commentant le dernier concert de Tokyo auquel ils ont assisté au Zénith. Au même moment, en Algérie, les enfants du grand peuple brandissent des banderoles sur lesquelles des mains ont peint maladroitement : «Arrêtez de nous assassiner lentement !»
Et les parents des enfants du grand peuple se tiennent le ventre, ont peur et vous crient à la face : «Attention ! Ne vous avisez surtout pas de lever la main sur nos enfants.» Souvent, dans ce pays, les drames les plus terribles, les tragédies au long cours ont éclaté le jour où des adultes ont porté la main sur des enfants. Compulsez vos archives, messieurs du petit peuple ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |
♣ ILS SONT CHEZ EUX ! |
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Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr |
Terrorisme. Ban Ki-moon rencontre Belkhadem à Madrid.
Le SG de l’ONU en sort indemne
Apparemment, il faut rappeler certaines choses aux amnésiques volontaires. La représentation de l’ONU à Alger, à Canberra ou à Lisbonne ou dans n’importe quelle capitale de n’importe quel pays a rang d’ambassade. Et de fait, elle est, du point de vue du droit international et des conventions signées par l’Algérie, un territoire de souveraineté onusienne. Si Ban Ki-moon veut sa commission d’enquête indépendante, il est DANS SON DROIT LE PLUS ABSOLU. Les journaux présidentiels, les radios présidentielles, la télévision présidentielle, les fans-clubs présidentiels et toutes les chorales du bon accueil à un 3e mandat présidentiel pourront crier au scandale, dénoncer avec des trémolos dans la voix une ingérence insupportable, il faudra bien qu’eux tous supportent pourtant cette vérité de droit. Le Ghaïta Band de la mandature à vie pourra se frapper la poitrine, crier à l’agression, jurer que l’on en veut à l’intégrité du pays, assurer que l’autorité de l’Etat ne saurait souffrir d’une enquête parallèle et battre le rappel de toutes ses annexes afin de casser de l’ONU, si la maison de verre décide de mettre ses enquêteurs sur l’affaire des attentats d’Alger, elle aura lieu cette enquête. Sauf à demander à l’ONU de plier bagage, de libérer le territoire qui lui a été rétrocédé, de nous regarder en chiens de faïence et de nous demander à quel promoteur immobilier ira le terrain en question et ce qu’il sera possible d’y construire. Vu le prix du mètre carré dans ce quartier-là, l’affaire est à saisir ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
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♣ M’enfin ! D’où c’est qu’ils viennent tous ces grévistes ? D’où c’est qu’ils sortent ces grognards ? A quel moment ont-ils été lâchés dans les rues ? Comment en sommes-nous arrivés là ? En quelques jours à peine ? A Tamanrasset et à In Salah, la télévision publique, forcément objective puisqu’elle est publique comme son nom l’indique, nous avait montré une Algérie, belle, fière et surtout pas rebelle. Les tam-tam chauffaient à tout bout de rue. Les mains enduites de henné portaient haut le portrait du raïs. Des gorges profondes fusaient des youyous aussi stridents qu’hystériques. Malgré le problème de l’eau non encore réglé dans ces régions (comme dans d’autres, d’ailleurs), il était aisé de s’adonner aux joies des bains de foule. Toutes et tous étaient sortis fêter par avance le rab, la rallonge présidentielle. Les micros tendus ne recueillaient que témoignages de bien-être, de bonheur et de fierté d’être aussi bien gouvernés. De 7 à 77 ans, l’euphorie envahissait les ksour et les oasis, se répandant dans les nouvelles cités-dortoirs, symboles des efforts de l’Etat à transformer le désert en bidonville du nord. Nous en étions donc là, à cette sérénade digne du générique de la série La petite maison dans la prairie lorsque les gueux sont apparus ! Ya sahbi ! Des hordes belliqueuses, jusque-là tapies dans les bas-fonds du complot ourdi. Fonctionnaires, travailleurs de la santé, lycéens, étudiants, chômeurs, tous ont baissé rideau, paralysant le pays. 85% de taux de suivi, ici. 95%, là. 100% ailleurs. Bonté divine ! Mais qui a dérobé le bonheur filmé en Eastmancolor à Tam ? Qui a fait disparaître mes beaux hommes bleus souriant de toutes leurs belles dents ? Qui a remisé au placard mes gentils notables liseurs de motions de soutien pour un 3e mandat ? Qui m’a volé le pays tranquille, joyeux et fidèlement rangé en rangs d’oignons derrière le frère timonier pour le remplacer sournoisement par un brasier rougeoyant, un bûcher dont les flammes rageuses lèchent déjà la muraille du palais ? Qui a volontairement et pernicieusement interverti les films dans les boîtes, juste avant la projection ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.