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17 juillet, 2009

Layada en 4×4 rouge, Hattab protégé par l’ANP et Mohamed Gharbi toujours en prison

Classé dans : — eldzayer @ 4:41

FRANCIS JEANSON EST DÉCÉDÉ
Le porteur d’un idéal de liberté s’en est allé

Le militant républicain, défenseur des causes justes, Francis Jeanson, est décédé le 2 Août 2009 à Paris à l’âge de 87 ans. Il était connu pour avoir fondé le célèbre réseau de porteurs de valises durant la guerre de Libération nationale.

La mémoire algérienne vient de perdre un de ses transmetteurs. Francis Jeanson, celui qui a créé le réseau des porteurs de valises en soutien à la lutte du peuple algérien pour son indépendance, est parti hier après une longue maladie. Né en 1922, Francis Jeanson a vécu deux périodes phares, la lutte contre l’oppression nazie et la lutte contre l’autre ignominie, le colonialisme. Issu de la petite bourgeoisie, étudiant en philosophie et écrivain, Francis Jeanson était imprégné des véritables idéaux de gauche, épris de liberté et de justice. En 1943, il rejoignit les rangs des Forces françaises libres, fuyant le Service du travail obligatoire (STO) et le transfert obligatoire en Allemagne. En Espagne et dans l’Algérie coloniale, il découvrira, bouleversé, l’inhumanité dans les geôles franquistes, la boucherie du 8 mai 1945 et la situation abjecte des colonisés. Dès 1948, Francis Jeanson fit partie des principaux rédacteurs des Temps modernes Inspiré de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, qui fut son mentor dans les cercles intellectuels de la métropole, et opposé intellectuellement à Albert Camus, Francis Jeanson croyait fermement que le sens de l’humanité était dans la lutte contre l’oppresseur et le système qui a secrété l’oppression. Conviction qui le motiva à s’engager pleinement dans la lutte d’indépendance, conduite par le Front de libération nationale (FLN). En 1955, Francis Jeanson publie, avec sa femme Colette, L’Algérie hors la loi, une publication révolutionnaire qui a fortement contribué à rendre visibles les mouvements de décolonisation à travers le monde. Persuadé que le combat n’avait de sens que quand il était mené pour des causes justes, Francis Jeanson entre en 1957 dans la clandestinité anticolonialiste. Il publia une revue de propagande, Vérité pour, destinée à expliquer le sens de son engagement. Il fonde le réseau des militants indépendantistes qui porte son nom, le Réseau Jeanson. Un réseau dont le procès, en 1960, a révélé le rôle et l’action d’illustres intellectuels, artistes et militants français qui se sont sacrifiés par conviction républicaine. Homme de gauche, qu’il voulait régénérer, Francis Jeanson s’attira l’hostilité de la gauche communiste et socialiste, bridée par son attitude prudente à l’égard de la guerre d’Algérie. Il subit une certaine forme de marginalisation durant les décades suivantes, voire accusé de trahison. Malgré son procès et sa condamnation par contumace, il a poursuivi sa quête de justice et son combat pour l’indépendance de l’Algérie. Pour les jeunes générations qui ne le connaissent pas et celles plus âgées qui l’ont connu en bien ou en mal, il demeure ce porteur d’idéal. Celui qui assurait que «d’âme et de cœur, nous ne pouvions laisser tomber ce peuple car, comme lui, nous étions Algériens». 
Chérif Bennaceur

Ses écrits sur l’Algérie 
Francis Jeanson a écrit plusieurs livres sur la guerre d’Algérie et son engagement dont l’Algérie hors la loi, en collaboration avec Colette Jeanson, en 1955, Notre guerre, en 1960 et La Révolution algérienne, problèmes et perspective en 1962, mais aussi Algéries en 1991.

Les porteurs de valises
Leur rôle principal consistait à collecter et à transporter des fonds et des faux papiers pour les militants du FLN opérant dans la métropole, dans des valises ou des cabas. D’où leur surnom de «porteurs de valises». Parmi les 4 000 membres que comptait le réseau, figure le célèbre activiste anticolonialiste communiste Henri Curiel, assassiné en 1978. Le réseau fut démantelé en février 1960 et son procès s’ouvrit le 5 septembre 1960. Quinze des inculpés furent condamnés le 1er octobre à 10 ans de prison, la peine maximale, trois furent condamnés à cinq ans, trois ans et huit mois de prison. Neuf furent acquittés. Francis Jeanson s’est toujours défendu d’avoir trahi la France. Au contraire, il justifie son attitude par la fidélité aux idéaux sur lesquels cette même communauté française doit s’appuyer. 
Source Wikipedia.org

Actualités : HOMMAGE
Jeanson et la ballerine
Par Mohamed Benchicou

«Vous écrivez des livres ?» Dans l’avion qui vrombissait déjà, elle avait posé sa question un peu en rougissant. Puis en se justifiant : «C’est l’hôtesse qui m’a dit…» Elle était fatiguée. Un bébé au minois rougi, dormait dans ses bras. «L’attente l’a irrité. L’attente puis le retard…» Elle m’explique que c’était l’enfant de sa fille aînée.
Elle n’aurait pas supporté le voyage avec un bébé, assure-t-elle. «C’est comme ça, les jeunes parents d’aujourd’hui n’ont plus de patience avec leurs enfants.» Elle avait ajouté, dans un soupir contenu : «Pourvu qu’ils soient heureux !» Puis elle s’était occupée de sa petite-fille que l’hôtesse de l’air avait réveillée par mégarde. En changeant les langes du bébé, elle me dit d’une voix posée : «Je vous demande ça, parce que je suis en train d’écrire un livre et je n’y arrive pas vraiment… Mais je m’y accroche ! Je dois le faire. Ça me fait du bien. Peut-être pourriez-vous m’aider… » Elle avait le regard qui s’était brusquement assombri. A quoi pensait-elle qui fût si terriblement éloquent sur son visage, ce visage doux et avenant, tranquille et imperturbable mais qui, brusquement, se chargea des traits sévères d’un fugace mais violent tourment ? «C’est un livre sur ma vie confisquée…» Et, comme si elle livrait un secret inavouable, elle me murmura à l’oreille : «J’étais ballerine. Jusqu’à quinze ans, j’étais ballerine. Depuis l’âge de quatre ans… Puis on m’a mariée, on m’a arrachée à ma vie…» Son mari lui avait signifié qu’il était inconcevable pour une jeune femme bien élevée de s’adonner à la danse, ce à quoi toute la famille acquiesça, les hommes surtout, les hommes et les patriarches qui parlèrent au nom de Dieu et des saintes Écritures, Dieu est plus fort que Bach et Chopin et aucune valse ne pouvait rivaliser avec un hadith, un psaume ou avec l’honneur de la tribu… Elle rangea ses rêves et son tutu et entra en deuil, de ces deuils invisibles que seuls portent les âmes solitaires frappées d’un malheur inavouable. «Je ne l’ai jamais oubliée. Cela fait cinquante- cinq ans, et je n’ai pas oublié… J’ai eu des enfants, des petits-enfants, mais j’ai vécu sans vrai amour…Sans ma raison de vivre. Je n’ai pas vécu heureuse.» Dans l’avion qui avait pris de l’altitude, la grand-mère et le bébé pleuraient, l’une en silence, de dépit, l’autre avec force braillements, de faim. «Vous aussi vous trouvez que ce n’est pas raisonnable ? Il y a des malheurs plus grands, je le sais. Mais le mien est insupportable, vous savez. Et je me dis que le pays où j’aurais continué à danser, aurait été un pays plus juste…» Elle avait lâché après le repas cette interrogation au ciel : «Qu’a-t-il manqué aux miens, à un seul homme, pour me soutenir ?» L’avion avait atterri et nous nous étions séparés sur cette interpellation que j’emportai comme une balafre sur ma peau. «Qu’a-t-il manqué aux miens, à un seul homme, pour me soutenir ?» C’est inopinément que je suis tombé sur la réponse. J’écoutais un hommage à Francis Jeanson prononcé machinalement par un édile peu convaincu et mal taillé pour ce genre de témoignage. Il rappelait ce que tout le monde savait, le philosophe qui s’est éteint samedi à l’âge de 87 ans, était le fondateur du réseau éponyme des «porteurs de valises du FLN». Mais quoi encore ? Ils ne disent pas, les édiles, que Francis Jeanson a eu un courage singulier, le seul courage qui abat les murs de l’injustice, celui qui a manqué pour soutenir la ballerine et, sans doute, pour avoir un pays plus juste : le courage de batailler contre son époque ! Contre les siens ! Pour quelque chose de plus fort que la famille, la patrie et nos psaumes ! Batailler contre son époque ! Toute son époque ! Contre sa patrie, s’il le faut. Contre la bonne société, contre le puritanisme archaïque de notre peuple, son formalisme religieux, ses rigidités coercitives… Il n’a pas suffi de le délivrer de ses colonisateurs, il fallait aussi le délivrer de ses bâillons. Jeanson a eu le courage qui nous a manqué. Celui des brigadistes qui avaient transformé l’Espagne en arène universelle de l’ultime combat entre la haine et l’amour, ces cinquante mille volontaires venus mourir pour un autre peuple et qui avaient fait sangloter Dolorès Ibarruri : «Ils ont tout abandonné : tendresse, patrie, foyer, fortune, mère, épouse, frères, enfants et vinrent à nous pour nous dire : nous sommes là !» Jeanson s’est battu contre sa propre patrie. Il ne cherchait pas à retenir ce que la France avait de meilleur. Il cherchait le meilleur dans l’indépendance. Je n’ai pas connu Francis Jeanson. Mais j’ai connu Annie Steiner, moudjahida, belle et souveraine. Elle porte la grâce de ce courage-là. Contre les siens, elle avait surgi comme une fée d’amour, pour rappeler aux hommes qu’il était arrivé le jour où ils ne seront que des hommes, jamais plus les «ratons» des autres. Elle vivait les rêves de l’indigène algérien à l’intérieur d’un grand rêve ancien, un rêve planétaire, le rêve antique des hommes : devenir libres, enfin libres, asservis à personne, dans un monde sans maître, où les femmes ne regretteront plus d’être nées femmes. Elle a sans doute fini par redouter d’être seule. Etrangère à tous. Comme au temps où les Européens la voyaient en voleuse ou en putain des mauvais quartiers de Paris ; comme au temps où les pieds-noirs la traitaient de «salope de française qui excite les Arabes contre les Français». Après ces hommes et ces femmes vinrent des hommes pieux qui redoutent de changer un monde où ils se considèrent un peu comme les préférés de Dieu, qui n’ont jamais voulu affronter l’improbabilité du bonheur… Nous les avons parfois vénérés, ces hommes qui préfèrent vivre dans l’ignorance de leur propre captivité ou qui s’en accommodent, supportant une existence faite d’arrangements et de petits larcins, de mutismes et d’intrigues, de renoncements et de frustrations. Nous les avons écoutés, ces hommes qui ne partagent rien de l’obsession de leurs femmes, qui ne tiennent pas à passer de l’humiliation de servir à la grâce d’exister, sans doute parce que dans l’humiliation de servir, ils pensent aussi pouvoir se servir. Oui, je dirai à ma ballerine qu’il nous a manqué de guerroyer contre notre temps, contre nos duces et nos puritains, contre les phalanges des uns et des autres. Je rencontre la vieille dame à la sortie de l’aéroport. Elle me répète : «Je vais écrire ce livre ! Vous m’aiderez ?» Je ne sais pas. Mais si je devais le faire, ce serait pour hurler aux oreilles des femmes de mon pays et celles du monde entier que je n’ai jamais autant eu besoin de la femme algérienne que depuis qu’elle est devenue fantôme sous les prêches… Elle est ma chair cicatrisée, ma propre chair, elle porte mes années de malheur mais aussi tout le secret de mon bonheur à venir. J’écrirai à la ballerine pour dire à la femme que moi aussi j’ai tout perdu le jour où le fanatisme et l’inquisition l’ont ensevelie dans l’oubli. Je ne sais plus où lire mes années de malheur et j’ai perdu plus que mon honneur, j’ai perdu le secret de mon bonheur à venir… Et puis, je l’avoue, ce serait aussi pour rappeler que, n’est-ce pas Jeanson, l’avenir appartient à Bach et à Chopin.
M. B.

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