12 novembre, 2007

Les Vigiles

Classé dans : Chroniques de Hakim Laâlam, Le Soir d'Algérie — eldzayer @ 4:37
 « Depuis que j’ai l’âge de ne pas voter »LES VIGILES !

Par Hakim Laâlam  
Email :
laalamh@yahoo.fr
 12e salon du livre d’Alger. Y a des ratissages qui se perdent…

Deux textes. Deux tisons pour revenir dans la plaie. Celui de Leïla Aslaoui publié dans le Soir d’Algérie de ce jeudi. Comme un voile que l’on déchire rageusement, tissu camisole posé (apposé devrais-je écrire) pour étouffer le plus gros scandale de ce siècle algérien de compromission avec l’intégrisme et le terrorisme : l’affaire du moudjahid Gharbi Mohamed Tounsi, emprisonné à vie pour avoir lavé un peu de cette terre d’Algérie d’une souillure. Leïla nous rappelle à nos amnésies. Nous oblige tous comme nous sommes — et l’auteur de cette chronique en premier — à regarder le bout de nos chaussures. Dans ce drame d’un moudjahid de la décennie coloniale et d’un moudjahid de la décennie intégriste, nous nous sommes tus ! Ou alors, pour les plus courageux d’entre nous, nous avons murmuré. Leïla, elle, a crié. Et ce cri déchire le voile. Dieu de Dieu ! Que nous étions prompts, il y a quelques années encore, à pétitionner pour le moindre dépassement, pour la plus petite gifle sur la joue de l’un d’entre nous. Nous sommes aujourd’hui incapables de donner une signature à Gharbi et à sa famille. Leïla ne nous en fait pas le reproche. Elle se contente de déchirer le voile. Autre texte. Plus long. Presque aussi long que deux années de prison, deux années de privation de liberté par le fait du prince. Aussitôt sorti des presses, le dernier livre de Mohamed Benchicou Les geôles d’Alger est interdit de salon international du livre. J’y étais à ce salon. Ce jeudi. Et je les ai vues ! Ces cohortes de barbus, en kamis, en pantalon «mi-jambe», la barbe en proue, la basket en alerte et les bras croulant sous des sacs et des cartons de livres «religieux ». Ah ! Les fameux cartons Marlboro ! On m’en avait parlé. Je les ai matérialisés enfin ! Des cartons de cigarettes américaines contenant, par milliers, une littérature des lendemains incertains. Celle qui autorise la poignée à dicter à la masse les contours de son avenir. Je les ai vues ces processions de marchands de l’écrit religieux négocier fermement, férocement, les saintes écritures et rêver déjà, à la sortie du pavillon central de la Safex, aux bénéfices de leur «tidjara». Cette littérature-là et ces marchands du sacré sont autorisés de salon. Mohamed Benchicou et son dernier opus y sont interdits, en sont exclus. Alors, dire et écrire. Encore et encore. Tracer sur la feuille blanche, en noir, en gras : MOHAMED BENCHICOU Les geôles d’Alger. A lire, à faire lire, à faire circuler, à diffuser. Pour que rien ne s’oublie. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

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